La Voleuse de livres, la Seconde Guerre mondiale vue par une famille allemande…non juive !


L’auteur

Markus Zusak est né en 1975 à Sydney, d’un père autrichien et d’une mère allemande. En 1998, son premier roman « The Underdog » connait un grand succès en Australie, puis aux États-Unis et en Europe. « La Voleuse de Livres », paru en 2005 en Australie, a reçu le Prix national du livre juif de la littérature jeunesse.

Hans Junior travaillait dans le centre de Munich et Trudy était femme de chambre et bonne pour enfants chez des particuliers. Bientôt, tous deux se retrouveraient dans la guerre. L’une façonnerait les balles. L’autre les tirerait.

La voleuse de livres, Markus Zusak

L’histoire

C’est l’histoire d’une jeune fille, Liesel, qui vit en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Abandonnée à des parents nourriciers par sa mère, elle découvre avec son nouveau père la lecture, à laquelle personne ne l’avait jamais initiée.

Alors que le gouvernement de Hitler se met en place, la nouvelle vie de Liesel s’organise : elle va à l’école, participe aux Jeunesses Hitlériennes, joue au foot avec son ami Rudy, aide sa mère à livrer le linge repassé aux bourgeois de la ville…

Jusqu’au jour où un Juif, fils d’un ancien ami de son père, arrive chez eux pour vivre caché dans leur cave.

L’extérieur noir de l’accordéon, éraflé mais brillant, allait et venait entre ses bras qui pressaient le soufflet poussiéreux et le faisaient inspirer et expirer l’air. Ces matins-là, dans la cuisine, Papa faisait vivre l’accordéon. Cela me parait juste, quand on y pense.
Comment sait-on que quelque chose est en vie ?
On vérifie qu’il respire.

La voleuse de livres, Markus Zusak

Mon avis

Tout d’abord, il faut savoir que cette histoire est racontée par la Mort en personne. Loin de se réjouir, cette dernière voit la guerre comme un horrible patron la surchargeant de travail.

Ce n’est pas un roman très gai : Liesel va de malheur en malheur, et la famille vit dans la pauvreté et l’inquiétude que le Juif dans leur cave soit démasqué, ou que les bombardements détruisent la ville.

On suit l’évolution de la guerre à travers le regard naïf de Liesel, dont le témoignage a inspiré la Mort pour raconter son histoire. La jeune fille ne comprend pas bien ce qui se passe autour d’elle, mais elle ne se plaint jamais et fait preuve de beaucoup de courage face aux événements.

J’ai trouvé très intéressant de raconter cette histoire du point de vue d’une allemande qui n’est pas juive, et qui est blonde aux yeux bleus. Je trouve que ça change des témoignages de familles juives (non pas qu’ils soient sans importance, bien sûr !), et que ça dévoile une autre facette de la guerre dont on entend trop peu parler : celle des familles allemandes qui n’avaient rien à craindre d’Hitler mais qui ont tout de même risqué leur vie pour sauver celle des autres.

J’ai eu un peu de mal à démarrer dans le récit, car le début est un peu long et monotone, mais en m’accrochant j’ai fini par le trouver passionnant ! Loin de raconter l’histoire d’une façon triste, la Mort ajoute de nombreuses touches d’humour et les nombreuses petites joies de Liesel ainsi que sa façon de se raccrocher aux livres et de ne jamais perdre espoir en font un personnage très attachant !

Enfin, le personnage de Max (le Juif dans la cave) est lui aussi un témoignage : entre la peur de se faire attraper et d’être envoyé dans les camps, celle d’être bombardés et de ne pas pouvoir aller s’abriter avec les autres sous peine d’être reconnu, le fait de ne jamais voir le soleil et de vivre dans une cave non chauffée en plein hiver, la culpabilité de risquer la vie de la famille qui l’accueille, et le fait de ne pas savoir ce qu’est devenu sa propre famille, le jeune homme sombre peu à peu dans la dépression.

Je recommande vivement ce livre à des lecteurs pas trop jeunes, et ayant déjà quelques connaissances sur la Second Guerre mondiale !